Vers un développement économique et social


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Sommaire exécutif
Introduction par Roger Nasnas
Table des matières

Sommaire exécutif


Ce livre contient une série d’évaluations concernant l’économie libanaise ainsi que des suggestions, des politiques et des mesures qui permettent de rediriger le secteur économique vers la voie du développement, d’aplanir les obstacles qui entravent sa capacité à faire concurrence, de promouvoir ses compétences, de traiter les lacunes qui menacent sa structure, de mettre un terme à son déficit qui s’accumule, de protéger ses ressources humaines et leur aptitude à innover et de restaurer sa structure pour repartir sur de bonnes bases et garantir sa pérennité, la stabilité de sa monnaie et l’exploitation de toutes ses ressources.
Les nombreuses contributions à la rédaction de ce livre montrent l’ampleur de la crise et des efforts qu’il faut déployer pour éliminer tous les obstacles.


Préparation à la concurrence

Cette préparation suppose la promulgation de la loi sur la concurrence qui mettra un terme aux barrières qui entravent l’entrée et la sortie des biens et les accords de vente, l’établissement d’une administration pour la gestion de la concurrence, le déploiement d’efforts visant à faciliter les formalités juridiques et administratives, la promotion de l’intégration des petites et moyennes entreprises, le renforcement des moyens de circulation des biens et le suivi des politiques concurrentielles.


Soutien des secteurs

Il convient de soutenir les secteurs en motivant l’action du gouvernement, en élaborant un plan de soutien global, en conjuguant les mesures incitatives pour de meilleurs résultats, sans distinction entre les secteurs, en évaluant périodiquement les programmes et en les corrigeant, en ne se limitant pas aux programmes de soutien financier, mais en y intégrant des programmes d’habilitation et de formation, en développant des réseaux d’orientation, en restructurant les entreprises en difficulté et en attirant les fonds d’investissement avec des garanties qui permettent de les financer.
Les efforts doivent également être orientés vers le financement de l’Association libanaise pour la promotion de l’exportation, la mise en place de programmes visant à augmenter les opportunités d’emploi dans les universités et le développement de projets qui intéressent les femmes. Il faut aussi tirer parti des programmes internationaux et collaborer avec les institutions et les associations professionnelles du secteur privé pour que de telles initiatives soient couronnées de succès.


Amélioration des conditions de productivité

Dans ce contexte, la décentralisation joue un rôle important dans la création d’un environnement favorisant la concurrence, la hausse du pouvoir d’achat, la stimulation du marché du travail, la diminution du chômage, l’élimination des obstacles qui se dressent devant la société des affaires, l’adoption de la décentralisation administrative, l’organisation des services publics, l’amélioration de l’environnement des investissements, le contrôle des coûts, la réduction des pratiques monopolistiques, la préservation du niveau d’éducation, la rationalisation de l’utilisation de l’énergie et la réforme du système administratif pour une efficacité optimale.


Réintégration du Liban à la carte internationale des investissements

Les avantages de cette initiative sont nombreux :

Toutefois, les obstacles sont nombreux, notamment l’instabilité politique, les menaces sociales, le déplacement des réfugiés syriens, la faiblesse de la gouvernance, les problèmes structurels, la tergiversation dans les prises de décisions, la diminution de la capacité du Trésor à financer les investissements,  la fragilité du marché financier et de l’environnement juridique et le manque de promotion.


Politique d’encouragement des petites entreprises

Cette politique est cruciale pour l’établissement d’une sphère économique forte. Elle peut être mise en œuvre en facilitant les formalités administratives, en encourageant les entités à rechercher des moyens de financement, en aidant les entreprises à se mondialiser, en soutenant les initiatives individuelles et en modifiant la loi sur la faillite et les opportunités alternatives. En outre, chaque Etat doit assumer ses obligations sociales, accorder des exemptions fiscales, soutenir la commercialisation et assurer le financement avec des conditions flexibles.
Il est très important que les entreprises reçoivent du soutien pour pouvoir stimuler la croissance, préserver l’environnement, développer l’énergie de production, former les ressources humaines dans le secteur de la production et mettre en place des politiques indispensables comme la simplification des formalités, l’ajustement des coûts étrangers et l’aide à la commercialisation et à l’exportation. Il faut aussi garantir le cycle complet du travail en établissant une politique de guichet unique, en aidant les entreprises à fermer, en mettant un terme à la bureaucratie, en modifiant les charges, en favorisant la participation aux appels d’offres publics et en garantissant l’accès aux marchés européens. Toutes ces mesures sont nécessaires pour soutenir ces entreprises.


Réforme des finances publiques

Ce point est essentiel et souligne l’importance des efforts déployés dans le but de limiter le déficit croissant.
Pour ce faire, il faut rationaliser les dépenses, contrôler le gaspillage, fermer certains associations et organismes dépensiers, améliorer la gestion des liquidités en créant un compte unifié, moderniser la loi sur les appels d’offres, apporter des réformes au secteur public, à l’embauche arbitraire, aux régimes de retraite et aux prestations de fin de service, réduire le service de la dette en freinant la dette publique et en déterminant un plafond annuel à l’augmentation des dépenses, améliorer la gestion des biens publics, renforcer la productivité et promouvoir le partenariat entre les secteurs privé et public.
Aussi il est nécessaire de se pencher sur la politique fiscale en prévoyant d’adopter des impôts unifiés sur les revenus, d’augmenter la moyenne fiscale par personne et par bénéfice, d’élever les charges sur le tabac et l’alcool, de passer en revue les tarifs douaniers, de créer une taxe sur les gains réalisés dans le secteur de l’immobilier, de modifier la taxe sur la valeur ajoutée, de rétablir la taxe sur l’essence et le mazout, ce qui suppose la modernisation de la gestion fiscale, la vérification des déclarations d’impôts des sociétés et le renforcement du département de la collecte, de ratifier la loi sur les biens se trouvant en bord de mer et de recouvrer les fonds provenant des règlements des violations de construction.
Pour ce qui est de la dette publique, notons qu’il est impossible de la réduire sans augmenter le PIB, diminuer son taux d’intérêt, accumuler des excédents primaires, hausser les taux d’inflation (à condition que ses répercussions restent sous contrôle), créer des marchés secondaires pour négocier les bons de trésor et établir une stratégie de gestion de la dette à moyen terme.
Ce programme est étroitement lié à la situation réelle du pays qui est actuellement ponctuée d’insécurité.
En ce qui concerne le budget, il est essentiel de parvenir à une vision globale et de respecter le processus déterminé quant à sa présentation et à son adoption, étant donné que l’absence d’un rapport d’exécution du budget est un problème en soi. En outre, nous devons souligner l’importance de respecter toutes les règles permettant de moderniser la façon de collecter et de dépenser les fonds, d’assurer toutes les conditions propices aux réformes, à savoir, la lutte contre la corruption, l’élargissement du pouvoir de l’inspection et l’établissement d’un système unifié pour les prestations sociales, et de suivre toutes les mesures nécessaires pour le contrôle des dépenses et l’amélioration de la collecte.
Quant à la grille des salaires, bien qu’elle soit légitime, elle excède la capacité de l’économie à l’absorber et à maîtriser ses effets monétaires, financiers, inflationnistes et économiques.


Le secteur bancaire et la capitalisation

La force de ce secteur et sa croissance ont permis de répondre, en grandes parties, aux besoins des secteurs public et privé en matière de capitalisation. En outre, les crédits subventionnés, en particulier les crédits immobiliers et éducatifs, ont contribué à faire avancer la roue économique et à réaliser une stabilité sociale. Toutefois, le problème réside dans le manque de diversité des crédits sectoriels et dans le fait que les prêts sont essentiellement des crédits à court et à moyen terme, des crédits commerciaux, des crédits de service et des crédits personnels. Cela va sans dire aussi que les secteurs de l’industrie et de l’agriculture sont marginalisés et que l’on a utilisé des crédits subventionnés par des institutions étrangères pour assurer le financement des secteurs de production.
La distribution des crédits est bien déterminée vu que les possibilités de prêts sont limitées. Aux fins de l’amélioration de cette distribution, il est crucial de promouvoir l’égalité dans la répartition des activités bancaires entre les régions, d’activer le financement des petites et moyennes entreprises et de donner aux banques libanaises l’opportunité de développer leurs services en microfinance.
Pour ce faire, nous sommes tenus d’améliorer la concurrence, de faciliter le financement et d’offrir les services demandés. Dans ce contexte, il est impossible que ces politiques perdurent, à moins que nous garantissions une relance économique, des réformes financières dans le secteur public, la rationalisation des dépenses et les réformes structurelles fondamentales.

 

La structure et les caractéristiques de la main-d’œuvre au Liban

La libération précipitée des échanges, les fluctuations, la bulle financière résultant du mode de dépenses publiques, le déficit budgétaire, les écarts de développement entre les régions et la détérioration de l’infrastructure ont tous donné lieu à la régression de la qualité de vie et à la diminution de nombreuses prestations sociales.
Le statu quo manque d’indicateurs clairs se rapportant aux études démographiques et il est certain que la création d’emploi n’était pas au niveau requis. Le travail dans l’agriculture et l’industrie a régressé en faveur des services à faible productivité, le niveau de compétences et de connaissances a chuté chez la plupart des employés, les travailleurs appartenant à certaines catégories (ceux qui recherchent un premier emploi et ceux qui ont plus de 45 ans) peinent à trouver du travail et les opportunités d’emploi régulier qui offrent un minimum de sécurité sociale sont insuffisantes. Notons également que le faible taux de femmes qui travaillent et le fossé créé par l’émigration des jeunes sont devenus les caractéristiques du travail au Liban, tout comme l’augmentation du niveau d’instruction qui est désormais la tendance sur cette scène.
Le nombre d’employés a diminué au profit des personnes qui travaillent pour leur propre compte ; ceci est un facteur important pour le développement de la main-d’œuvre. Aussi le nombre d’employés dans les secteurs de service a considérablement augmenté au détriment des secteurs de l’industrie et de l’agriculture.
Dans 45 % des familles libanaises, nous retrouvons un membre qui a émigré (surtout les compétents et les instruits), et le taux de chômage s’est élevé à 11 % du nombre des travailleurs.
La pauvreté touche 38 % de l’ensemble de la population, en particulier les travailleurs, les journaliers et les saisonniers.
L’absence de protection sociale pour les retraités est une réalité très dangereuse, surtout dans le secteur privé où les indemnités ne peuvent couvrir qu’une petite partie des années de retraite.
Dans ce contexte, les réformes doivent être multiples. Il faut ainsi modifier et développer les politiques économiques, limiter les investissements dans la main-d’œuvre qui est peu coûteuse et revoir le niveau des prestations sociales grâce à un régime de retraite qui profiterait à tous les Libanais, sachant qu’aujourd’hui, les sommes accumulées dans le cadre du régime actuel ne suffisent pas à offrir le minimum des pensions de retraite. Il est aussi nécessaire de remplacer les assurances maladies par un régime global qui couvrirait tous les habitants, d’adopter un régime d’allocation chômage, de développer le cadre législatif et institutionnel du système du marché de l’emploi et d’engager le processus d’habilitation par l’intermédiaire de l’Office national de l’emploi.

Le régime d’assurance vieillesse pour le secteur privé

Le programme vise à assurer le minimum de la pension de retraite, à garantir un taux de remplacement satisfaisant et à élever ce taux de manière à ce que la pension de retraite équivaille à environ 40 % du dernier salaire du retraité après 30 ans de service et de cotisations, en prenant en considération la garantie de la stabilité de la pension, les capacités du secteur privé et l’équilibre financier. Le régime est composé de 3 éléments : la pension minimum, la retraite complémentaire et la retraite complémentaire estimée (pour les personnes à revenu élevé) avec un plafond de 3 à 10 fois supérieur au montant minimal. Il est possible de passer de l’indemnité de fin de service à un régime de retraite si certaines conditions déterminées sont remplies.

Le financement proposé est le suivant :

Il est également possible de proposer un pourcentage supplémentaire qui serait financé par l’employeur et le salarié à parts définis. Notons que la gestion sera assurée par une société indépendante qui gère les investissements en toute transparence.


Le secteur de l’éducation au Liban


Politique sanitaire et sa mise en œuvre

Les recherches montrent que le niveau des soins de santé est élevé au Liban, le ministère étant chargé de distribuer les services de santé dans les régions et les villages et l’administration devant traiter les patients sur un pied d’égalité et garantir la qualité des médecins, des caisses d’assurance, des hôpitaux, des laboratoires, des pharmacies et de tous les fournisseurs de services de santé. Le ministère doit aussi veiller à améliorer la productivité au niveau requis et à employer un nombre suffisant de médecins et d’aides-soignants, et ce, afin de renforcer la concurrence entre les secteurs privé et public dans le but de créer un environnement d’investissement sain et de tracer les limites entre l’établissement d’hôpitaux et la collaboration avec des hôpitaux privés. En outre, il faut garantir la solidarité sociale pour offrir des services qui correspondent au pouvoir d’achat, en concluant un contrat avec l’administration d’une tierce partie qui accueillerait les patients dans le secteur public pour éviter la bureaucratie et toute influence, et en développant la sécurité sociale pour accélérer la prise en charge et offrir les services de santé à toutes les classes sociales.


Les retombées de la crise syrienne et des déplacements vers le Liban

Les vagues de déplacement ont réellement influé sur la croissance économique, porté atteinte au secteur du tourisme et entraîné l’effondrement des finances publiques en faisant pression sur les dépenses publiques et en causant la perte de nombreuses recettes. Ce phénomène a aussi eu un impact sur les investissements étrangers directs, occasionné l’effondrement de la balance des dépenses, ralentit l’activité du secteur immobilier et entraîné la diminution des échanges tout en augmentant le déficit.
            Bien que les banques aient résisté à la crise et que ces déplacements aient certains avantages, l’inflation a commencé à grimper en raison de la pression des coûts, en particulier, dans les domaines de l’éducation, de la santé et du réseau de la sécurité sociale. Aussi l’infrastructure n’a pas été épargnée puisque ces déplacements ont pesé lourd sur l’eau, l’électricité, les déchets solides et les routes.
            La pression sur le marché de l’emploi a négativement influé sur la main-d’œuvre libanaise. En effet, le taux de chômage a augmenté, les emplois irréguliers se sont multipliés, les salaires ont chuté, la concurrence déloyale et injuste s’est intensifiée, la pauvreté a gagné du terrain, les cours des biens de consommation ont grimpé et les revenus ont chuté dans les régions pauvres.
            Ainsi il est primordial de multiplier les efforts d’appel à l’aide internationale et de définir le cadre légal des Syriens au Liban. En effet, il est impératif d’établir des communautés à l’intérieur des territoires syriens, d’aider les Syriens à rentrer chez eux, de lutter contre la corruption et de règlementer le travail en créant des projets de développement local dans les zones de déploiement, d’aménager l’infrastructure, d’aider les Libanais pauvres, d’apaiser toutes les tensions en lançant des programmes spéciaux, de donner aux municipalités et à la société civile la capacité de résoudre les problèmes et de former les associations civiles et de promouvoir la coordination entre les partis qui prennent en charge les déplacés et les sociétés hôtes, en adoptant les mesures suivantes :


Conclusion